Le Rugby dans le sport au début du XXe siècle

  • Alors que les Jeux Olympiques de Tokyo continuent de battre leur plein à quelques jours de leur clôture, le document du mois qui vous est proposé ce mois-ci est une carte d'adhérent au Rugby Club  Amiénois (1941) issue du fonds Merchez 5AP. Le document est coté 5AP87.
  • Le Rugby Club Amiénois est un des plus anciens clubs sportifs de l'amiénois, fondé en 1909. Depuis 1922, le lieu d'entrainement est resté inchangé, il s'agit du stade Charassain à Amiens.
  • La diagonale qui barre cette carte présente les couleurs du club, le bleu et le jaune, toujours utilisées à l'heure actuelle. Il s'agit de couleurs adoptées par d'autres clubs amiénois, à l'instar de la Compagnie des Archers et Chevaliers d'Amiens.
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Le rugby des premières heures

  • Cette carte d'adhérent mais plus spécifiquement la date de fondation du club témoigne d'un mouvement de fond prégnant du premier quart du XXe siècle en France. Celui-ci est effectivement marqué par la massification du sport. La loi de 1901 sur la liberté d’association a permis la multiplication, l’explosion des structures sportives dans le cadre d'une République pourvoyeuse de plus de libertés collectives et individuelles.
  • En ce qui concerne le rugby, celui-ci a d’abord eu un épanouissement parisien et élitiste dans les deux dernières décennies du XIXe siècle. Puis, succédant à Paris, Bordeaux devient le centre de gravité du ballon ovale avant de se répandre dans toute l’Occitanie. Le jeu remonte ensuite la vallée du Rhône et d’autre part débouche en Auvergne et en Limousin.
  • Les forces politiques et sociales cherchant à encadrer les Français se servent également des sports comme vecteurs de leur implantation. Dans le Sud-Ouest, l’aire du rugby correspond ainsi aux bastions du radicalisme. Sur ces terres, il est pratiqué par la petite et la moyenne paysannerie, une des bases électorales du parti incarnant le pouvoir sous la IIIe République. Ainsi s’est façonné ce rugby villageois caractéristique de la pratique française.

Le sport sous Vichy

  • Cette carte d'adhérent, éditée en 1941, nous interroge sur la place du sport durant la Deuxième Guerre mondiale en France. Elle nous interroge aussi sur l'usage qu'en a fait le résistant Aimé Merchez. Lieu de rencontres et d'information pour la Résistance ?
  • Quoiqu'il en soit, le sport fait partie intégrante de l'idéologie vichyste alors consacré comme une pierre angulaire du "redressement" souhaité par le régime du maréchal Pétain. Il s'agit notamment de :
    • réactiver le sentiment patriotique ;
    • redonner le goût de l'effort afin de forger un homme nouveau.
  • L'emprise de l'Etat sur les associations sportives devient totale et pyramidale. La dépendance et l'obéissance des structures créées au début du XXe siècle constitue la norme, dirigiste, du programme de la Révolution nationale en ce domaine :
    • les fédérations multisports et "affinitaires" (c'est à dire affiliées à des obédiences, des partis et syndicats) sont dissoutes, exceptées la fédération catholique.
    • le sport professionnel est rejeté car jugé immoral et contraire à l'idée d'un sport pour tous créateur de jeunes personnes saines et fortes.
    • la loi sur les associations de 1901 sera supprimée.
    • A partir de 1942, la suppression de l'élection des dirigeants sportifs et de l'Union Française des Oeuvres Laïques d'Education Physique (UFOLEP).
  • Par ailleurs, un vaste programme de formation, qui instaure notamment une épreuve, facultative, d'éducation physique au baccalauréat, un Certificat d'Aptitude au Professorat d'Education Physique et Sportive, des aménagements horaires scolaires, la création de Jeunesse et Montagne, une initiative de l'armée de l'air, provoquera une hausse des licenciés et la normalisation du sport dans le quotidien des Français.