Récitation à l'école (1908 - 1911)

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  • Les documents du mois de février témoignent de l'implantation structurée de l'école républicaine dans toute la France au travers, non seulement d'une ambitieuse politique de construction d'édifices scolaires, de formation d'instituteurs mais également d'élaboration d'une pédagogie structurée.
  • Il s'agit de deux tables de récitations datées de 1908 - 1911 de la petite école de Sait-Pierre, aujourd'hui commune associée à Crouy sous le nom de Saint-Pierre-à-Gouyconservées sous la côte SPG_DEP_1R4.
  • Accrochées sur les murs de l'école, ces deux listes font partie intégrante d'un décor pédagogique abondant (cartes, panneaux éducatifs) et savamment agencé par l'instituteur. Visibles par tous, les écoliers sont donc avertis des récitations qu'ils ont l'obligation de connaître pour l'année scolaire en cours.

 

Le mot instituteur vient du latin institutor, "celui qui administre", dérivé du verbe instituere qui signifie "fonder".

Succédant aux termes de recteur, précepteur, maître, écolâtre, régent, l'instituteur français est celui qui institue la République.

 

 

  • Aux élèves du cours préparatoire sont destinées des comptines tandis que les élèves du cours élémentaire ont déjà à charge d'apprendre des fables entières comme le consignent ces deux listes : La Fontaine, Fénelon, Rozan, Florian font partie du programme.
  • Vous remarquerez les cotes des ouvrages d'où sont extraits les récitations, parfois apposées à côté de l'oeuvre ainsi que le numéro de la page. La petite commune de Saint-Pierre-à-Gouy possédait effectivement une bibliothèque populaire dès 1875 comme le fonds d'archives de la commune s'en fait le témoin.

Bons points et bonnets d'âne

  • Une récitation correctement déclamée octroyait aux écoliers un "bon point". Petit bout de carton très simple, décoré de saynètes éducatives, de profils d'hommes célèbres ou de fables, il constituait l'insigne du savoir durement acquis et récompensé. Malheureusement, le fonds d'archives de la commune n'en contient aucun.
  • Dix points donnaient droit à une image et l'obtention de plusieurs de ces images, couplée à une conduite exemplaire, accordaient la possibilité de se voir décerner "La croix d'honneur" accrochée par l'instituteur, généralement en fin de semaine, et arborée fièrement par son récipendiaire dans la rue. A l'inverse, les élèves considérés comme les plus turbulents et non assidus se voyaient affubler d'un bonnet d'âne.
  • La croix d'honneur constitue la distinction que l'écolier conservait chez lui en fin de semaine avant de la remettre en jeu le lundi matin. Souvent inscrite de la mention "Au mérite", elle ressemble de loin à la Légion d'honneur. Le ruban qui la maitient pouvait être rouge, bleu, rose ou blanc.

République, Eglise et contrôle de l'école

 

  • Les grandes lois républicaines de 1881 et 1882, décrétant respectivement la gratuité puis l'obligation et la laïcité, constituent l'aboutissement d'un travail progressif progressiste durant tout le XIXe siècle (loi Guizot de 1833, loi Falloux de 1850, loi Diruy de 1867) et offrent pour les petits Français la possibilité de recevoir une éducation et pour la République de contrôler l'école afin d'en écarter l'Eglise.

 

  • Les Républicains, qui anticléricaux, qui matérialistes ou athées par conviction philosophique, estime l'Eglise trop liée aux régimes politiques déchus, et souhaite lui faire perdre l'influence qu'elle a acquise en multipliant le nombre de ses établissements, notamment grâce à la loi Falloux sur la liberté d'enseignement.

 

  • Un important effort est précisément accompli afin que la République puisse se donner les moyens de son ambition : un ambitieux programme de constructions scolaires permet d'atteindre en 1893 l'édification de 68 000 écoles primaires publiques contre 15 000 écoles privées. L'école républicaine l'emporte largement et gagne, ce faisant, les campagnes à la cause de la République laïque.
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