Cité-jardin et Reconstruction à Hangest-sur-Somme
- Le document du mois de mars 2023 est un plan calque de projection de voirie d’une cité-jardin, envisagée à Hangest-sur-Somme. Ce document est daté de mars 1942 et est issu du fonds d’archives de la commune d’Hangest-sur-Somme, encore conservé en commune.
- La commune d’Hangest-sur-Somme, durement éprouvée par la Seconde Guerre mondiale, a été détruite dans son immense majorité en raison des combats violents des 5 et 6 juin 1940 qui eurent lieu à cet endroit même. Point de passage sur la Somme choisi par la 7ème Panzer Division de Rommel en raison de la conservation de l’unique pont sur la Somme restant au lieu-dit La Breilloire, Hangest-sur-Somme verra donc son intégrité quasiment annihilée tandis que la Wehrmacht en profite pour y prendre des clichés et y tourner des films de propagande visant à magnifier la puissance de l’armée allemande.
- Cette situation amène les autorités françaises à envisager dès 1941 une reconstruction du village selon des plans nouveaux et novateurs.
- La cité-jardin dite de la Brèche, du non du toponyme où celle-ci devrait être construite, fait donc partie de ce plan de reconstruction. Le document qui vous est aujourd’hui présenté est le ou l’un des premiers dessinés en vue des travaux à venir.
La cité-jardin, un concept urbanistique particulier
- L’expansion incontrôlée des villes industrielles, à l’instar de Londres, dans un contexte de révolution industrielle, fait naître à la fin du XIXe siècle de nouvelles formes d’urbanisation des villes. Il s’agit des cités-jardin qui proposent une combinaison des avantages de la ville avec ceux de la campagne. Le premier à théoriser ce concept est un anglo saxon, Ebenezer Howard, dont l’ouvrage To – morrow : a pacefull path of real reform, publié en 1898, vient poser les jalons structurels de cette nouveauté urbaine. La cité-jardin se présente comme une alternative inédite à l’entassement des ouvriers dans des taudis, tout comme aux villages désertés.
- En France, la cité-jardin se caractérise essentiellement par un ensemble de logements sociaux (individuels ou collectifs, locatifs ou en accession à la propriété) destinés à une population modeste avec des aménagements paysagers et des jardins autour de l’habitat.
- Ce concept urbanistique est donc envisagé à Hangest-sur-Somme alors même que des villes du département, comme Amiens ou Airaines, disposent déjà de tels ensembles.
La reconstruction d’Hangest-sur-Somme
- La reconstruction d’Hangest-sur-Somme est le fruit de longues années et, si les premiers plans sont établis dès 1941, il faudra attendre parfois jusqu’au milieu des années 1960 pour voir les derniers bâtiments être érigés.
- La cité-jardin d’Hangest-sur-Somme a, en l’occurrence, été commandée par le Service des Constructions provisoires du Ministère de la Production Industrielle et du Travail. Sa projection est confiée à M. Georges Bouffet, architecte amiénois.
- La première des questions, et des travaux envisagés, reste celle de la viabilité du terrain et donc de la desserte de la cité-jardin. Telle est la teneur des échanges entre l’architecte et les ingénieurs des Ponts-et-chaussées avec qui il est en relation. Ainsi, préalablement à ce plan calque de 1942, de nombreux échanges et de premiers jets avaient déjà été esquissés dès le début de l’année 1941. Ceci est dû aux nécessités de relogement des sinistrés.
- Les contraintes de voirie restent toutefois très prégnantes et ne permettent finalement pas d’envisager quoi que ce soit dans l’immédiate année de 1941. Si c’est bien le Service des construction provisoires qui enclenche la réalisation d’un tel projet, l’Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées délégué à la Reconstruction doit pourvoir aux questions de nivellement et de viabilité via la subdivision locale sous ses ordres, en l’occurrence, celle de Picquigny.
- C’est donc en mars 1942 que le projet final de viabilité est définitivement acté et adressé à l’Ingénieur d’arrondissement des Ponts-et-Chaussées. Toutefois, en avril 1942, une ordonnance allemande vient arrêter les travaux entrepris, et ils ne semblent reprendre qu’à partir de la deuxième partie de l’année 1943, et encore, selon des dispositions qualitativement bien en deçà de ce qui avait été envisagé en mars 1942. Les difficultés d’approvisionnement imposent une viabilisation a minima afin que les constructions provisoires puissent être au moins desservies et enfin habitées par les sinistrés.
- Il faudra attendre 1967 pour qu’un lotissement à usage d’habitations, définitives, puisse être construit selon une disposition encore bien visible aujourd’hui malgré les nombreuses extensions et ajouts réalisés depuis.